Blogger Template by Blogcrowds

Cinq




Aujourd'hui, je me souviens.
Je me souviens qu'il y a cinq ans exactement, je me réveillais très tôt auprès de l'Ancien, quittant la maison familiale avec une maman qui pleurait le Gange, et une petite soeur qui se retenait tant bien que mal.
J'étais un peu nerveuse, mais surtout très excitée. J'allais changer de vie. Pour sûr. Je quittais les montagnes, et les regardais se réveiller comme jamais ce matin là.
Ma soeur nous conduisait à l'aéroport, à plusieurs centaines de kilomètres de mon trou.
Nous faisions comme si je partais en voyage, jamais comme si ça allait durer. D'ailleurs, à ce moment là, je ne pensais pas que ça allait durer. En tout cas, pas là-bas.
Une fois mes deux valises contenant l'essentiel de ma vie enregistrées, nous nous sommes laissées aller aux larmes, en essayant de rire en même temps, parce que c'était quand même chouette la vie, parce que je ne partais pas par obligation mais par choix, pour dédramatiser, surtout.
Je me rappelle la laisser là, sous ce panneau lumineux, toute seule. Elle avait les yeux rougis et plein de larmes, mais toujours cet immense sourire qui éclairait son visage. Elle tremblait en tentant de le cacher, et respirait du mieux qu'elle pouvait.
C'était si dur.
Mais j'avais si hâte.
J'avais toujours voulu partir. Peu importe la destination, juste partir. Pas pour fuir, pour découvrir.
L'Ancien et moi avons pis le premier avion, puis le deuxième. C'est la seule et unique fois où nous avons voyagés ensemble.

Ajourd'hui, je me souviens.
Comme je vous l'ai raconté un jour, je me souviens de la petite fille que j'étais qui voyait à travers la petit écran bombé, un mur tomber, qui prenait conscience de ce qu'il se passait dans le monde. C'était il y a 20 ans. Cette petite fille jouait avec ses barbies, elle s'inventait une vie future, avec un amoureux, une maison et peut-être même un bébé, si jamais il pouvait se loger dans un ventre aussi plat.

Aujourd'hui, je me suis levée comme tous les jours : fatiguée de m'être couchée trop tard par refus de me coucher tôt. Aussi simple que ça.
La lumière d'automne est douce. Je porte le même blouson de cuir qu'il y a cinq ans. Les mêmes bottes aussi je crois.
Ma vie ne ressemble en rien à ce que j'avais imaginé d'elle à l'époque. Elle ne ressemble pas non plus à ce que j'aurais voulu il y a 10 ans. Même 20 ans.
Au fond de moi, il y a le même désir qui ne s'atteind pas, peut-être trop rêvé, avec toujours un regard vers un ventre aussi plat.
Et il y a la réalité. Une réalité pas si sombre que ça. Derrière une révolution, des larmes, des mots, il y a toujours la liberté, l'espoir, le regard sur l'avenir.
Et le nombril de ce ventre n'est pas le centre du monde. C'est juste le centre de ma vie.
Je me demande de quoi je me souviendrais dans 5 ans, et même dans 10 ou 20 ans.
Aurais-je réussi à combler le nombril, où aurais-je transposé toute son énergie sur le monde ?


Mais c'est pas vraiiii !!!
Il porte le même nom de famille que mon ex dites-donc.
Tout pareil, toutes les lettres sont à leur place, il n'en manque pas une seule à l'appel !
Si on croit aux signes, c'est plutôt mal parti cette histoire.
Un prénom ridicule, et un nom de famille que je ne veux plus entendre.
Merdeuuuh
Bon, on se reprend, il faut avouer qu'au Québec il n'y a pas grande variété de noms de famille francophones. C'est un fait. Ne pas juger, ne pas juger, ne pas juger.... faire comme s'il s'appelait Francis Ducharme, par exemple.
Donc on continue de s'écrire.
Mais là, je vous dirais franchement qu'à part son nom, j'ai d'autres doutes à son sujet.
Sur sa fiche, il disait vouloir fonder une famille. Bon, ok, je comprends qu'on puisse l'indiquer pour démontrer son sérieux et ses valeurs, même si d'après moi le fait de faire (voire même de vouloir) des enfants ne regarde pas toute la toile et encore moins tous ces inconnus en mal de femelles (et inversement).
Bref.
Là où ça se gâte, c'est lorsqu'au bout de 48 heures de contacts écrits tu sens qu'il te pose la question insinueusement. J'y réponds en contournant l'affaire (je ne dis rien en fait). 24 heures plus tard, il me pose carrément la question. Nan, j'vous jure, ça fait un choc. Et ça ne me plaît pas du tout du tout. René cherche-t-il un utérus ? René cherche-t-il une mère ?
J'ai décidé d'aller le vérifier. Il fallait que j'en aie le coeur net.
Nous avons parlé à peine un peu plus d'une heure et demie (en fait, surtout lui).
Il ne saura pas grand-chose de moi et n'en saura probablement jamais rien de plus.
Rien de rien n'est passé entre nous, aucune chimie, aucune énergie, et physiquement j'ai été très déçue.
Il reste que je pense sérieusement que c'est "un bon gars", quelqu'un de bien qui mérite quelqu'un de bien.
Mais pas moi.


Petits messages :
1) Merci anonyme. J'aime bien les anonymes, elles deviennent de grandes amies quelquefois. Néanmoins, une question : comment as-tu atterrie ici ?
2) Baboutir, j'ai fait au plus vite !
3) Miskouet, je n'arrive pas à te laisser de comm. Et non, je n'étais pas du côté de chez toi ce week-end, même si ça quelquefois on s'y croirait.

Articles plus récents Articles plus anciens Accueil