Je peux donc maintenant faire de même.
Étaler ces mots qui raisonnent dans ma tête, qui bouillonnent et se mouillent.
Tu sais mieux que quiconque ce que tu représentes pour moi, ce que tu m'as apporté en ces deux années.
Deux ans et tant de choses partagées : des carrés de chocolat échangés sous le manteau; des mélodies souvent; des sourires tout le temps; des discussions à n'en plus finir à n'importe qu'elle heure, n'importe où et sur n'importe quoi, m'enfin... surtout sur toi et moi; de la peinture de cheveux et des recettes de vivre-mieux; des expositions de chaussures dans les vitrines; des vidéos pourries de ce bas-monde; des histoires politiques d'ici et d'ailleurs; des e-mails par centaines; des caresses à Saïmon; des heures au téléphone à tromper l'ennui et à rire de la vie; des mouchoirs en papier; des promenades à rêver; des imbéciles à oublier; des soupes en hiver et des crèmes glacées le reste de l'année; des amis pour l'éternité; et peut être même ton canapé.
Tu as fait de moi une femme, qui a les ongles manucurés, des talons casse-pieds, et qui aime mieux se regarder et s'apprécier.
Tu as fait de moi quelqu'un de meilleur, qui est capable de s'aimer.
Tu me fais encore plus aimer la vie de par ta fausse naïveté.
Il manquera dorénavant quelque chose à Montréal, c'est le sourire de ... mon Amie tant aimée.
Mais va ma Caspoulette, là-bas c'est pas plus mal. Il y a plein de chouettes filles à rencontrer, de la famille à aimer, de bonnes choses à manger (étiquetées sans OGM), et pour sûr deux jobs à trouver.
De toute façon, c'est pas compliqué, on ne se laissera pas tomber.
Une petite dernière pour nous, à jamais.
J'ai choisi une version différente, parce que les choses changent et qu'il faut l'accepter (mais c'est pas plus mauvais) :
N'empêche que tu vas crissement me manquer...
R.A.V. : Tu crois que si je prends mon premier cours de guitare je peux dire que j'ai comme ambition de jouer ça ?
(souvenir vague et en même temps marqué dans ma mémoire – je ne sais pas si c’est LA vérité ou la simple vérité du souvenir que j’ai entretenu avec les années… )
J’ai 9 ans et demi. Il est 20h. Avant, je pense qu’on regardait Santa Barbara à la tévé. Je joue avec des barbies dans le salon en pensant à Kelly Capwell, bientôt j’aurai 10 ans, et ce sera une honte d’encore jouer avec ses barbies, alors j’en profite. Le journal télévisé commence. Ma mère m’appelle, elle me dit d’arrêter de jouer, de venir écouter, nous vivons un grand moment historique. J’obéis (qu’est ce que j’étais sage à l’époque !). Je vois des gens pleurer, je vois des gens heureux, et ce mur que tout le monde casse avec effervescence. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, mes parents m’expliquent brièvement. Je pense être bouche bée devant les images, ma barbie sans jupe à la main. Tout d’un coup, je prends conscience du monde, de l’importance de ce que des gens comme moi peuvent vivre. L’Allemagne, c’est pas si loin je crois.
Avant cet évènement, j’étais une petite fille fermée dans son petit monde qui comptait : son village, sa ville pas trop loin, ses montagnes tout autour et la mer en été. À partir de ce jour, je devenais citoyenne du monde, je m’ouvrais.
31 août 1997 : La mort de Lady Di
Aucun souvenir particulier d’émotion. Je m’en fous, je suis une ado, seul mon nombril compte, et croyez-moi, il y a bien assez d’émotions comme ça là dedans. Ohh oui, je me rappelle des gens qui pleurent et des gerbes de fleurs à n’en plus finir, et surtout du début de l’enquête comme un roman policier. Qui a osé tuer la princesse ? Ça me rend un peu triste, mais bon… pas de quoi fouetter un chat.
11 juillet 1998 : La finale de la Coupe du Monde de Foot
J’ai raté mon BAC. Je m’en veux, je suis triste, déçue, amère et très en colère. Je ne sais pas ce que je vais faire l’année prochaine. Heureusement, il y a les amis et les bleus qui nous donnent des sensations fortes. Ce soir là, nous sommes dans le jardin des parents d’un ami qui sont absents. Le pastis et le vin coulent à flot, les merguez cuisent sur le barbeuk, et le son de la tévé est presque à son maximum. Je porte une petite robe en coton bleu, blanc et rouge. Ma sœur aussi. À la fin du match, nous descendons en centre ville, je crois que toute la ville s’y est donnée rendez-vous, je n’ai jamais vu autant de monde sur le boulevard, c’est l’anarchie totale. Les autos qui essaient de se frayer un passage sont chamboulées, les gens montent dessus, crient, ça klaxonne, ça boit dans la rue, on se perd avec les amis, et ça fait vraiment du bien tout se bonheur, toute cette folie.
31 décembre 1999 : l'arrivée du 21e siècle
Je suis en Haute-Savoie. Nous sommes deux couples d’amis. Il y a beaucoup de neige et nous sommes tout près des pistes de ski. La soirée ne commence pas très bien. Mon chum (le même depuis 3 ans) me boude et je ne sais pas pourquoi, personne ne sait pourquoi, je me demande si lui-même sait pourquoi. On s’emmerde un peu. Avant minuit, on décide de mettre nos combinaisons et de partir sur les pistes avec nos luges de compétition (avec volant, siège et tout) et une bouteille de champagne. Et c’est comme ça, sous un ciel étoilé, au beau milieu d’une piste de ski déserte, que nous passerons à un nouveau siècle, avec de la boisson, de quoi fumer et des descentes sur la piste damnée en luge à toute vitesse. Des personnes du chalet voisin nous rejoindront avec des sacs plastiques et autres supports à fesses glissants.
11 septembre 2001 : l'attentat au World Trade Center à New York
Il est environ 15h ou 16h, je fais une visite d’appartement à un couple. L’appart est moche, difficile à vendre. Alors que nous sommes sur le balcon ensoleillé à admirer la vue sur le parking, des personnes discutent en bas. On me dit qu’il se passe quelque chose aux USA, que des tours sont touchées. Je crois à une blague, ou plutôt je ne cherche pas à comprendre, et je suis pressée, il faut encore je montre la salle de bain la plus laide du monde. Lorsque je rentre chez moi vers 19h30, mon chum (un autre) est devant la tévé avec un ami. Je vois les images, ils m’expliquent, je crois encore à une blague. Ça ressemble un peu trop à un film, c’est irréel. Mais c’est bel et bien vrai, c’est étourdissant, voir ces images, encore et encore, sans cesse, me donne le vertige.
1er janvier 2002 : l'Euro débarque
La seule chose à laquelle je pense en ce 1er janvier, c’est que je vais devoir devenir trilingue. Depuis 1 an, je parle déjà en francs et en anciens francs, maintenant, il va falloir faire la conversion en euros. Entre nous, j’ai encore parlé longtemps en francs aux clients… Les maisons, ça se négocie en centaines de milliers de francs, pas en euros !
26 décembre 2004 : le tsunami en Asie
C’est mon premier noël au Québec. Je viens de découvrir le lait de poule au Brandy, la tourtière et le ketchup aux fruits. Je me rappelle être chez les grands-parents de mon chum (encore un autre, rassurez-vous, c'est le dernier), et regarder les infos. Bien entendu, on parle beaucoup des touristes canadiens sur place en vacances, et un peu des locaux. Ça me fout toujours la gerbe. Et je déteste la gelée d’atocas.
2 avril 2005 : la mort de Jean Paul II
Beaucoup de bruit pour rien. Il est vieux, il est mort, voilà tout. Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Si au moins il avait ressuscité, ça aurait un intérêt. Mais là… franchement…
Je rajoute une date :
6 mai 2007 : élection de Notre… euhhhh… Président
La veille j’avais traversé la ville pour aller voter. Même de si loin, je me devais d’accomplir mon devoir et de profiter de mon seul droit fondamental de citoyenne en ce monde. Droit que nous n’avons pas tous, et encore moins toutes. Raison de plus pour ne jamais le lâcher. Le lendemain, dimanche, j’allume la tévé vers 14h55. À l’époque, j’avais le câble et TV5. Il fait trop beau dehors, je suis seule et je veux profiter de mon après-midi au soleil. Dans 5 min, je saurai si ce sera dans la joie ou la tristesse. Je les écoute, je regarde dehors, je bois un verre d’eau et… j’éteins la tévé, ferme la porte, et m’en vais. Je pédale. Je suis un peu en colère, mais surtout déçue, très déçue… Je me dis que je ne rentrerai pas en France avant au moins 5 ans si c’est comme ça. Je n’ai pas envie de parler. Je n’ai pas envie, à ce moment là, qu’on se rende compte que je suis française. Oui j’ai honte, de ma patrie et de son choix. Heureusement qu’il y a le soleil, et l’accent québécois que j’intègre de plus en plus.
Les zommes. Ceux avec du poil au torse et des yeux qui brillent quand se pointe un décolleté. Je reste floue lorsque je vous parle de mes relations avec ce genre d'humains.
Mais qu'est-ce que je pourrais bien vous en dire... Le pianiste, je vous ai tout dit. Tout. Dans les moindres détails, je ne peux faire plus. Quand aux autres... et bien il y en a pas d'autres.
À part monsieur brocoli, ok. Ça fait un an que ça a commencé, vous le savez. Il y a un an, on s'est rencontré dans un parc, près de Félix, le grand, Leclerc. Pendant plusieurs mois, on a beaucoup parlé grâce au chat, on s'est peu vu, on a trop bu, on a glissé de temps en temps dans les bras l'un de l'autre. Je me suis posé beaucoup de questions, sur moi surtout, sur ce que je ressentais sur lui, sur ce qu'il ressentait pour moi, sur ce que nous vivions, sur ce que nous ferons. Puis l'hiver est arrivé, et vers la fin de celui-ci, on avait froid, alors on a pris l'habitude de se réchauffer plus souvent. J'ai compris que nous pouvions partager la même couverture sans prendre d'assurance. Entre nous, c'était possible, à ma plus grande suprise. Je ne me pensais pas capable de vivre sereinement dans cette relation, peur d'avoir mal, peur de de ne pas me respecter.
Mais c'était clair, ma meilleure amie, ma conscience longuement interrogée, me l'avait dit franchement : je ne suis pas amoureuse, ce n'est pas ça, ce n'est pas lui. Pour autant, je savais depuis de longs mois que j'avais quelque chose à vivre avec lui, j'en étais persuadée, je savais qu'il n'était pas entré dans ma vie pour rien. C'était évident.
Depuis, nous continuons à nous voir, en toute liberté, en toute amitié. On partage des animaux morts dans notre assiette, des coupes de vin à n'en plus finir, des 24 images par secondes, et des nuits agitées dans ses draps blancs sans poil de chat sous peine d'obstruction de ses voies respiratoires. On est bien là dedans, on ne parle jamais de nous, c'est un pronom personnel qui n'existe pas dans notre langue.
Dans 15 jours, notre relation se limitera à deux écrans d'ordinateur, il partira pour au moins un an à plusieurs milliers de kilomètres près de la plupart de vous toutes. C'est bien, la fin est plus jolie comme ça. Pas de troisième personne venue faire un jaloux, pas d'ennui de la situation, c'est la fin des vacances, on repart au boulot et puis c'est tout.
Je sais maintenant. Je sais que je ne suis pas une dépendante affective qui cherche quelqu'un à tout prix pour être heureuse, je sais que je peux m'interroger vraiment sur ce que JE ressens, je sais vivre avant tout pour moi et profiter des bonheurs de la vie pleinement sans me soucier de ce que l'autre pense de moi, je sais de plus en plus qui je suis et vers où je veux aller même si je ne sais pas avec qui ce sera. En tout cas, je fais tout pour ne pas me laisser embarquer par la spirale du temps qui passe et je me suis fait un ami.
Certes, je vais certainement pleurer la dernière fois que je le verrai, mais jamais je ne me remercierai autant d'avoir suivi mon instinct et monsieur brocoli de m'avoir apporté cette connaissance de moi même. Cette histoire marquera un tournant dans ma vie sentimentale. Je peux lui dire merci à monsieur brocoli.
Et après... tout reste à écrire. Je vois autour de moi des gens qui s'aiment, qui se marient, qui se trouvent, qui se déchirent, qui souffrent. Tout va si vite. En quelques mois, tout peut changer, en quelques semaines, en quelques secondes, en un regard ou en un mot.
Entre nous, stratégiquement parlant, j'aimerais que ces changements m'arrivent à l'automne. Parce que la lumière est belle, parce que je ressortirai mes bottes et que je serai encore bronzée, parce qu'il recommencera à faire un peu frisquet. Ce serait parfait.
En attendant, je regarde devant, je vis, et je caresse l'idée de ce moment à venir.
C’est arrivé comme ça, du jour au lendemain, sans que je m’y attende.
Je n’ai pas donné de pot-de-vin, ni proposé mes services en nature pour en arriver là.
La promotion que je viens d’avoir m’a été donnée par simple amitié. C’est fou non ?
Ça m’a fait l’effet d’un petit choc, mais tellement agréable !!!
Avec cette honorable promotion me vient de nouvelles responsabilités (on ne peut y échapper) :
- Tendre mes oreilles, plutôt deux fois qu’une
- Ne plus être dans la lune, surtout le 5 septembre 2009
- Acheter un cahier, des crayons de toutes les couleurs, une règle, et prendre des notes, faire des tableaux, des listes, afin que l’organisation soit optimum
- Penser à tout, même à l’impensable
- Être préventive : élaborer des stratégies afin de pallier à tout évènement
- Être disponible, 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7, souriante, et compréhensive
- Réfléchir, trouver des idées, les proposer, et ne jamais faire preuve de susceptibilité si refus il y a
- Ne rien oublier, jamais !
- Accessoirement, être jolie (mais pas blonde, ahhh ça non !)
Bien entendu, j’ai accepté, car je sais que je peux mener à bien cette mission.
Oui, je le peux ! Oui, je le peux !
Néanmoins, toute aide ou conseil est le bienvenu. Je suis novice !
Je vais commencer par affûter mes talons aiguille, car Mesdames et Mesdemoiselles, je vous annonce officiellement que je suis
Demoiselle d’honneur de Miss Caspapesse !
Ayééé je vais encore pleurer…
R.A.V. : Bientôt, un article sur les hommes absents de ma vie. Vous posez trop de questions, je sens qu’il faut que je parle avant que vous me mettiez les inspecteurs aux fesses pour découvrir tout ce que je cache (ou pas).
gnark gnark gnark...
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